AFFRANCHIES
Chanteuses, musiciennes

Affranchies ont reçu une aide à la création en partenariat avec l'Atelier des Artistes en Exil.

Interview d’Aida Nosrat – chanteuse
Quel est votre parcours artistique ?
J'ai commencé à apprendre la musique classique européenne à l'âge de 6 ans, en Iran, avec la flûte à bec. Quatre ans après j’entreprenais l’apprentissage du violon classique et à 12 ans j’entrais à l'école de musique de Téhéran, jusqu’à 19 ans lorsque j’ai obtenu mon diplôme.De 2004 à 2011, j’ai fait partie, en tant que violiniste, de l’Orchestre symphonique de Téhéran. J’ai aussi étudié la musicologie à l’Université des sciences et de la pratique, et commencé à m’intéresser particulièrement au chant perse traditionnel, que Gholamreza Rezayi m’a enseigné. En 2006, avec mon époux Babak Amir Mobasher nous avons formé le groupe Manushan, développant notre propre style de musique. Nous sommes arrivés en France, en 2016, j’étudie actuellement le jazz au Conservatoire à rayonnement régional (CRR) de Paris.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Même si mon parcours artistique n’a pas été facile du tout, à cause de la situation des musiciennes et chanteuses en Iran, pour lesquelles il est très difficile et même impossible d’exercer, je suis très contente de que j’ai réussi à faire jusqu’à présent. J’ai lutté si fort, et je continue de le faire, pour arriver à accomplir mes objectifs, mon rêve. La seule chose qui me préoccupe maintenant c’est la disparition de la diversité musicale. La plupart des budgets sont destinés aux arts commerciaux et ça me rend triste de penser que toute une partie de la variété musicale nous sera inconnue dans le futur.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Je me vois devenir une chanteuse et une musicienne connue et couronnée de succès en France et dans le monde. Je vais faire de mon mieux et travailler dur comme je l'ai toujours fait pour atteindre ce but.

 

Interview d’Angerlin Urbina - musicienne
Quel est votre parcours artistique ?
Je commence la musique au Vénézuéla à l’âge de 9 ans dans « El Sistema », au sein de l’orchestre symphonique infantile. Quelques années plus tard, j’intègre l’Orchestre symphonique Teresa Carreño avec laquelle j’ai eu l’opportunité de participer à de nombreux festivals et tournées en Europe (Allemagne, Norvège, Portugal, France, Turquie, Salzbourg, Suisse, Spagne, Liechtenstein, Angleterre entre autres). En 2015, je suis venue en France pour continuer et approfondir mes études, en flûte, au Conservatoire Départemental de Pantin. En même temps, j’étais professeur de musique dans un projet de classe d’orchestre dans des écoles élémentaires avec l’association « Passeurs d’arts ». En 2018, j’obtiens mon diplôme d’études musicales (DEM) suivi de deux ans de PPFP (entre 2018 et 2020) où j’ai obtenu mes certifications suite à mon travail avec des enfants du quartier. Finalement, j’ai suivi un cursus de flûte traversière pour faire un travail plus approfondi en tant qu’interprète flûtiste. En ce moment je continue à donner des cours particuliers de flûte ainsi qu’à participer à des projets et présentations artistiques variés. 

 Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
En France, comme partout le monde, être artiste est un métier difficile au moment de s’intégrer professionnellement. Chacun d’entre nous doit se réinventer et trouver le moyen pour pouvoir continuer à faire ce que l’on aime. Face à ces difficultés comme flûtiste-interprète, j’ai décidé de me consacrer à transmettre, tout ce que j’ai vécu et appris dans mon parcours musical, aux enfants dans des projets et quartiers défavorisés afin de leur donner la chance et les outils qui peuvent nourrir leur esprit et leur apporter un moment d’apprentissage, de partage et d’intégration. 

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Je me voix continuer de transmettre mes acquis à tous les publics et surtout à ceux qui en ont besoin.

 

Interview de Diana La Fraise - chanteuse
Quel est votre parcours artistique ?
J’ai commencé la musique de façon autodidacte. Petite, je chantais dans des églises et des groupes de gospel. Puis, par la suite, j’ai commencé à évoluer en tant que chanteuse interprète dans des clubs. J’y interprétais des classiques de la rumba congolaise et les répertoires de grandes chanteuses africaines. Maintenant, je peux enfin entamer ma carrière solo.

 Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Grâce à la musique et le chant je peux m’exprimer et transmettre aux autres tout ce que j’ai vécu et appris. C’est ma passion.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Dans 5 ou 10 ans je me vois marquer l’histoire de la musique et compter parmi les meilleures voix feminines africaines de ma génération. J’aimerais pouvoir partir en tournée et réaliser des albums qui aient un impact.

 

Interview de Dighya Mohammed Salem - chanteuse
Quel est votre parcours artistique ?
Je chante depuis toujours. À 14 ans, au collège en Algérie, j’ai fait partie d’un groupe de musique traditionnelle sahraouie pour la première fois. On se faisait appeler Shlf. J’ai continué à chanter dans plusieurs groupes au Sahara, dans mon village Dahla et en Algérie. J’ai été nommée meilleure chanteuse régionale grâce à mon premier single Haya Shababna. À 19 ans, j’intègre le groupe révolutionnaire sahraoui Shaheed El Wali, avec lequel nous enregistrons un album à Paris en 1989, et partons en tournée en Espagne, Italie, Allemagne, Corée du Sud et Algérie. Après cette expérience, je suis revenue en Algérie poursuivre mes études, et j’ai aussi travaillé à la direction de la Culture du Sahara Occidental. Je suis arrivée en France, en 2018, avec ma fille. J’ai fondé, à l’atelier des artistes en exil, le Dighya Moh-Salem band avec lequel nous avons un projet d’enregistrement d’un album. Actuellement, je chante aussi dans un projet à l’Opéra de Paris.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Cette profession me donne de la liberté, non seulement créative et d’expression mais aussi économique. Le chant m’a donné l’opportunité de vivre une vie plus libre. Cette liberté s’est vue augmentée après mon arrivée en France. Ici, les conditions de création, le matériel, tout est meilleur que chez moi. Dans le campement il n’y avait pas de lumière par exemple. D’un autre côté, la musique me permet aussi d’exprimer ma lutte pour la liberté et celle de mon peuple. Toutes mes chansons parlent du Sahara, de la lutte pour l’indépendance, de la paix, du fait que nous voulons vivre comme les autres et que le monde se rende compte combien nous souffrons.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Dans le futur, j’espère avoir enregistré l’album du Dighya Moh-Salem band, pouvoir faire une tournée, continuer à travailler sur les projets en cours ainsi que sur les nouvelles opportunités qui se présenteront. Je compte sur les projets qui seront achevés pour que de nouvelles portes s’ouvrent et pouvoir continuer à travailler, travailler et travailler pour construire ce beau chemin qu’est la vie.

 

Interview de Nasima Shavaeva - chanteuse
Quel est votre parcours artistique ?
J’ai commencé à chanter à 5 ans, ma famille étant une famille de musiciens et artistes. J’ai aussi intégré un groupe de musique populaire très tôt au Kazakhstan. Après 3 ans d’études de musique et de chant, et après avoir rencontré mon mari, nous avons créé un groupe avec lequel nous avons fait plusieurs tournées en Europe et en Asie. Nous sommes arrivés en France en 2015. Aujourd’hui je m’intéresse aussi à la mode, avec l’objectif de revenir et de montrer la culture ouïgoure.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Pour moi, la musique, la mode et l’art sont un moyen de populariser la culture ouïgoure. Si je défends et je montre ma culture, je la fais persévérer et ne la laisse pas mourir.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Le mélange de la mode avec la musique, des couleurs visuelles et musicales, m’intéresse particulièrement. Ce sont deux éléments qui constituent l’identité de chaque région de mon pays, utilisés avec des bases semblables mais des subtilités très différentes. Grâce à cela, je peux continuer de dessiner mon pays. Mon art me permettra de revenir en arrière et me dire que j’ai fait de bonnes choses, pour mon peuple, en montrant sa culture.

 

Interviews réalisées en 2021
Photographie : Julia Grandperret