Astrid VAYSON DE PRADENNE
Golfeuse

Astrid a reçu une bourse pour financer sa participation aux compétitions internationales.

Quel est votre parcours sportif ?
Je suis un cas un peu atypique dans le golf professionnel car j'ai commencé tardivement, à l’âge de 15 ans, après dix années intenses de tennis (classée 5/6). J'ai débuté le golf à Chateaublanc, en banlieue avignonaise. J'ai eu une progression fulgurante de mon index : 18 hcp en 3 mois, 4 hcp en 1 an et 0 en 2 années. Lors de ces années en amateur, j'ai gagné localement quelques grands prix. Puis j’ai, pendant de longues années, mis en sourdine ma passion pour le golf pour favoriser mes études universitaires et mon travail de soignant. Depuis mon passage, au printemps 2013, en tant que professionnelle, le golf a pris une place prépondérante dans ma vie. J'ai apprivoisé le golf professionnel et développé mon jeu sur le LETAS (2ème division européenne), pendant 4 ans, avec de beaux résultats. En 2016, j’ai fini 2ème au LETAS Azores Ladies Open, 4ème au LETAS à Strasbourg et j'ai obtenu ma première victoire sur le circuit français à l'Open d'Arcachon. En 2017, j’ai obtenu une 3ème place sur le LETAS en Espagne et une 2ème place en Suède. L'année 2018 m’a donné le sentiment que tout le travail effectué ces dernières années était enfin récompensé à sa juste mesure. J’ai gagné le Jabra Ladies Open à Evian, un nouveau tournoi double badge LET/LETAS, sur un parcours si spécial dans le cœur des golfeuses. J'ai obtenu, à cette occasion, une carte pleine catégorie 3 sur le LET jusqu'en décembre 2019. Je participe au Ricoh British Open et à l'Evian Championship. Je prends mes marques sur le LET en apprivoisant des nouveaux parcours et des nouvelles joueuses. 

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
J’ai beaucoup de chance de pouvoir golfer professionnellement. J'ai parfois ce sentiment que c'est golfer ou mourir. Je vis mon golf intensément, avec cet enthousiasme qui inonde chacune de mes cellules et avec une face plus noire qui parfois me fait sombrer dans un vide sans fond. Le golf professionnel me fait vivre une palette d'émotions, une marée dans mon cœur en un laps de temps réduit. Sur un parcours de golf, une semaine de tournoi, il y a des joies immenses, des petites morts, des rédemptions... Le tour européen féminin étant en reconstruction, les golfeuses ont un grain de folie car jouer est financièrement un vrai challenge sur notre cher vieux continent ! Mais la passion du golf est impossible à contenir donc on s'élance, on tente sa chance, on trace sa route vers la chimère de la victoire, vers l'impossible et au-delà.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Dans la religiosité actuelle de l'instantanéité, il est difficile de se projeter à 5 ans et que dire à 10 ans ! Je trouve que cela peut même être une certaine arrogance lorque l'on connait l'impermanence intrinsèque à la vie humaine. Mais si je fais parler mon cœur et que je crois en la réalité de mes rêves, dans 5 ans, je me vois performer outre-Atlantique sur le LPGA, je me vois jouer la tête haute dans des tournois majeurs. Dans 10 ans, je me vois sur un voilier car, dans une autre vie, je suis un poisson et en déplacement, lors des tournois, je me baigne dans les lacs, fjords, piscines...

 

Interview réalisée en 2019
Photographie : Amandine Besacier