Aurélie DEBUIRE
Comédienne, autrice et metteuse en scène
Aurélie a reçu une bourse afin de l'aider à suivre ses études au Théâtre National de Strasbourg.
Quel est votre parcours artistique ?
Je suis née à Béthune dans les Hauts-de-France : dans la salle d’accouchement, il y avait le médecin d’un côté, et, de l’autre côté, l’Art me regardant d’un air malicieux comme pour me saluer et m’informer qu’il allait exister sur terre une force qui m’attirerait toujours comme un aimant. Mon premier amour fut la danse classique et j’ai rejoint le conservatoire de danse classique de Béthune. Puis j’ai pris quelques cours de dessin, rejoint différentes chorales, écrit des récits, ait voulu être actrice, danseuse étoile, agent artistique, réalisatrice… Bref, habitée durant toute mon enfance et mon adolescence par différentes façons de pratiquer l’art, je sentais profondément que c’était la voie que je voulais emprunter pour futur métier. J’ai alors opté pour la spécialité musique et l’option théâtre au Lycée Louis Blaringhem à Béthune. Ce furent de fortes expériences qui m’ont permis de baigner dans un cursus artistique dès le lycée. Puis j’ai rejoint la classe préparatoire aux écoles supérieures d’art dramatique de la Comédie de Béthune. Durant cette année de préparation, je me retrouve à voyager dans toute la France et tombe nez à nez face au Théâtre National de Strasbourg, école nationale dans laquelle je suis actuellement. Me retrouvant en section Jeu et apprenant le métier de comédienne depuis. Me permettant de plus de continuer à expérimenter la danse, le chant, les instruments, l’art de l’acteur, l’écriture. J’ai la chance pour cette année 2024-2025 grâce au dispositif de cartes blanches du Théâtre National de Strasbourg de pouvoir mettre en scène ma première pièce de théâtre intitulée Service de la perdition et du beau temps.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre profession ?
Un regard envieux de renouveau qui regarde une vue belle et laborieuse. « Des formes nouvelles, voilà ce qu'il nous faut, et s'il n'y en a pas, alors mieux vaut rien du tout. » Formulait Treplev dans La Mouette. Je suis assez fascinée par cette phrase, d’une certaine manière, elle m’attire et je la comprends, de l’autre, je cherche et me dis quelles sont ces formes nouvelles que nous cherchons constamment dans notre profession ? Je porte une envie profonde de détruire mes propres pièces de théâtre afin de les recoller avec du scotch. Mon regard sur la profession est rempli d’exigence, de travail, bienveillance, nouveauté, création, politique, populaire, accessible, enthousiaste et pour finir un regard qui veut continuer à apprendre de ce métier pour le réinventer mille fois.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Se voir à tous les endroits où la jeune Aurélie de 8 ans provenant nullement du milieu artistique et aspire à ce métier veut se voir : metteuse en scène, autrice, comédienne, actrice au cinéma, réalisatrice, monter une compagnie, continuer à apprendre des autres, aux autres, avec les autres, avoir eu l’opportunité de jouer et monter des projets qui m’inspirent en profondeur, voir le théâtre que je vois dans ma tête matérialisée sur scène, me voir partout et nulle part à la fois, que ma présence ait un enjeu : celui de pouvoir partager les mots que mes équipes et moi aurons envie de clamer haut et distinctement, espérer dans une dizaine d’années avoir découvert de nouvelles saveurs artistiques autant que de saveurs culinaires, créatrice d’aventures rocambolesques, humaine épanouie avec et sans art. De toute façon, il est dans le coin de la pièce, l’air malicieux.
Interview et photographies réalisées en 2024
Photographies : Lys Arango