Brahim DJIBRINE
Styliste
Brahim a reçu une bourse en partenariat avec l’Atelier des Artistes en Exil.
Quel est votre parcours artistique ?
Je m'appelle Brahim Djibrine, né le 9 novembre 1994 au Tchad (N’djamena), et je suis créateur de mode, styliste et mannequin. Je suis avant tout un passionné, un curieux et un rêveur qui croit fermement en une mode inclusive, célébrant la diversité sous toutes ses formes.
Lorsque j’ai commencé mon parcours dans l’industrie de la mode, j’ai été confronté à une réalité troublante : un univers souvent élitiste, réservé à une minorité privilégiée. Cette expérience m’a profondément marqué et m’a poussé à m’engager pour créer une mode qui brise les barrières et représente toutes les identités, sans compromis. Mon aventure a débuté au Lycée marie Laurencin avec un CAP "Couture Flou", suivi d’un Baccalauréat Professionnel "Métiers de la Mode". J’ai ensuite affiné mes compétences en stylisme à la Couture Brigade, avant de poursuivre ma formation à la Chambre Syndicale de la Haute Couture, où j’ai obtenu un diplôme en "Modélisme Patronnier". Ensuite, j’ai obtenu un Bachelor Modéliste à l’Institut Français de la Mode, tout en suivant des cours complémentaires qui ont enrichi ma vision créative.
J’ai eu la chance de me former dans des maisons renommées comme Lemaire et Yves Salomon, où mes stages en alternance ont confirmé ma passion et renforcé ma technicité. Parallèlement, le mannequinat s’est imposé à moi comme une opportunité inattendue, me permettant d’explorer les multiples facettes de l’industrie. Grâce à cette double casquette de créateur et de mannequin, j’ai pu développer une perspective unique sur l’ensemble des processus créatifs.
Aujourd’hui, je m’efforce de concevoir une mode qui raconte des histoires universelles, transcendant les frontières culturelles et esthétiques. Mon objectif est de proposer des collections qui célèbrent l’individualité, tout en montrant que la mode peut être un puissant outil de diversité et d’émancipation.Je suis convaincu que mon travail peut contribuer à redéfinir les codes d’un milieu encore trop figé, en ouvrant la voie à une mode plus inclusive, audacieuse et résolument contemporaine. Mon parcours est avant tout une quête de sens et de partage, où chaque étape nourrit ma vision et ma passion pour cet univers fascinant.
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Pour moi, être styliste, modéliste et mannequin, c’est bien plus qu’un simple métier : c’est une passion qui allie créativité, expression de soi, et une véritable technicité. Chaque pièce que je crée raconte une histoire, chaque défilé ou shooting est une opportunité de donner vie à une vision. C’est un travail exigeant, car il ne s’agit pas seulement de dessiner ou de coudre, mais de comprendre les matières, les coupes, les tendances, et surtout, les émotions que l’on veut transmettre à travers un vêtement.
En tant que mannequin, cette connexion prend une autre dimension. Porter mes créations ou celles des autres, c’est devenir le prolongement vivant d’un univers, une sorte de tableau en mouvement. Le public ne regarde pas qu’un vêtement, il perçoit une attitude, une énergie, une manière d’occuper l’espace. Cela implique une réflexion profonde sur ce que je veux représenter et comment je peux toucher les gens au-delà du simple visuel. C’est aussi un métier qui demande une adaptabilité constante. Les tendances évoluent, les attentes changent, et la société attend désormais que la mode soit plus inclusive et responsable. Cela me pousse à innover, à penser autrement, à chercher des façons de créer qui respectent non seulement l’esthétique mais aussi l’environnement et les identités multiples.
Enfin, je trouve fascinant l’équilibre entre le côté très technique et précis du modélisme et la liberté artistique qu’offre le stylisme. C’est un dialogue permanent entre discipline et imagination, où chaque détail compte pour que l’ensemble ait du sens. Et lorsque je passe du rôle de créateur à celui de mannequin, je vois mes créations sous un autre angle, ce qui enrichit encore plus ma démarche artistique.
Ce métier est un défi constant, mais il me permet de m’exprimer, de raconter des histoires et de toucher les gens à travers des formes, des textures, et des mouvements. C’est cette richesse qui me motive au quotidien.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Dans 5 ans : Je me vois avec ma propre marque bien établie, reconnue pour ses designs innovants et son engagement envers la mode durable. J’aimerais collaborer avec des artistes et designers du monde entier pour créer des collections uniques.
Dans 10 ans : Je me vois comme une figure influente dans l’industrie, à la fois créateur et mentor. J’aimerais aussi avoir développé des programmes pour soutenir de jeunes talents et promouvoir une mode plus inclusive et éthique.
Interview réalisée en 2025
Photographies réalisées en 2025 par Isabelle Chapuis
