Caroline BRETON et Charles CHEMIN
Metteur en scène, interprète
Caroline et Charles ont reçu une aide à la création pour leur spectacle Figures.
Quel est votre parcours artistique ?
Caroline : J’ai fait une école, l’ERACM, où j’ai rencontré des personnes avec qui j’ai eu envie de construire des choses en tant actrice. Puis j’ai cherché d’autres approches que les formes théâtrales, vers les arts performatifs et la danse. Aujourd’hui je crée ma première pièce en tant que chorégraphe, De Natura Rerum et je collabore avec Charles Chemin avec qui je partage le goût de l’abstraction et le plaisir de la forme.
Charles : Comme Caroline, j’ai oscillé entre le théâtre, la danse, les arts visuels, comme interprète, puis assistant. J’ai collaboré et beaucoup appris auprès d’artistes inspirants comme Meg Harper, Bob Wilson, Lucinda Childs, Andreï Bartenev, Laurie Anderson, Philippe Chemin, Philip Glass, Jonathan Meese, ainsi que dans le théâtre français comme acteur et dramaturge. J’attache une grande importance aux échanges entre artistes, à la circulation des idées et à l’hybridation des formes, ce qui m’a mené à créer des pièces scéniques en collaboration avec des plasticiens, compositeurs, performers, chorégraphes, dans des pays et cultures esthétiques très différents.
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Charles : La sensation qu’elle évolue constamment, et dans tous les sens, entre l’évolution des formes, des modes de productions, des rapports au public, aux autres arts, au monde. Face à cela, il y a l’envie de goûter pleinement aux processus, se débrouiller pour faire exister des pièces coûte que coûte, tout en ne préméditant pas trop les résultats. Et surtout éviter l’enfermement d’un rôle de « metteur en scène » ou « chorégraphe ». Par exemple, avec Caroline, nous créons des pièces ensemble entre danse et théâtre comme figures avec une grande fluidité, mais elle a aussi collaboré sur une pièce sonore que j’avais développée avec le compositeur Dom Bouffard, et je ferai la lumière de sa pièce De Natura Rerum.
Caroline : Nous sommes actuellement privés de toute relation avec le public. C’est donc un temps de frustration mais aussi de recherche, de jachère, de grande liberté et de conscience que nos métiers artistiques sont essentiels pour faire respirer une société.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Caroline : Continuer à inventer des espaces spectaculaires avec des artistes qui m’émeuvent, m’étonnent et avec qui j’ai beaucoup de chance et de joie à travailler. Et peut-être un jour, être à l’origine d’un lieu où nous aimerions nous retrouver pour créer et partager.
Charles : Être surpris par ce qu’on fera !
Interview réalisée en 2021
Photographie : Julia Grandperret