Céline ANAYA-GAUTIER
Photographe
Céline a réalisé les portraits des talents soutenus par Porosus en 2018.
Quel est votre parcours artistique ?
Je suis arrivée à la photographie un peu par hasard, lors d’un voyage à travers les Andes, après la mort de mon grand-père… Si le hasard existe ! J’avais décidé de partir sur les traces de son enfance et au moment de mon périple, je suis tombée malade ; un homme, Eduardo Herran, m’a recueilli ; il avait été photographe de renommée internationale, voyant une des photos que j’avais prise ultérieurement il m’a tout de suite dit : tu as l’œil, tu es photographe. Je ne savais pas trop quoi faire de ma vie à ce moment-là; cela faisait deux ans que je voyageais entre l’Amérique du Sud et l’Afrique, j’avais été hôtesse de l’air en France et au Pérou, j’avais beaucoup donné de temps en tant que bénévole dans différentes associations humanitaires, alors je me suis dit pourquoi pas. Je suis rentrée en France après mon voyage à travers les Andes et j’ai intégré l’Icart photo, une école qui dure trois ans, mais je n’ai fait qu’une année, beaucoup trop cher pour moi et ayant déjà 24 ans, je voulais juste apprendre les bases de la photographie. J’ai ensuite commencé mon premier sujet photographique «Cœur de Femmes», je suis restée deux ans entre la rue, l’association «Cœur de Femmes» et la Halte femme à la gare de Lyon. C’est après ce sujet que j’ai su que ma place sur terre était de vivre en immersion dans différents mondes ou différentes sociétés. "Être photographe répond à une volonté de témoigner et de transmettre une réalité poussée au-delà du premier regard."
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre profession ?
Je me sens aujourd’hui à ma place, ce qui est une grande chance de nos jours. Être photographe me permet de vivre 1000 vies en une seule vie. Être photographe me permet de ne jamais m’endormir ni sur mes acquis artistiques ni sur mes acquis économiques. Être photographe est un combat de tous les jours car rien ne nous assure que demain, nous serons en mesure de continuer notre passion. Je tiens à continuer à travailler en argentique en ce qui concerne mon travail personnel, cela est une décision onéreuse et non adaptée à ce que le monde de la presse ou l’édition nous demande aujourd’hui, mais c’est un choix qui me donne la liberté d’exercer le métier que je veux et comme je le veux.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Je ne sais pas comment répondre à cette question, je peux dire que mon prochain sujet sera sur la relation de l’Homme à la mort et que je m’embarque sur une réflexion de 3 ans sur l’euthanasie et les grands prématurés. La photographie est la colonne vertébrale de ma vie à laquelle je suis en train de rajouter un corps, l’écriture. Je viens d’écrire mon premier récit « Dis maman, c’est encore loin Compostelle » qui a été primé. Alors, dans 10 ans, je souhaiterais certainement être reconnu en tant que femme photographe et femme écrivaine.
Interview réalisée en 2018
Photographie : Céline Anaya Gautier