Dighya MOHAMMED SALEM
Chanteuse

Dighya a reçu une aide à la création en partenariat avec l'Atelier des Artistes en Exil.

Quel est votre parcours artistique ?
Je suis née en février 1966, et j’ai été élevée autour des réfugiés de Dajla, dans le Sahara occidental. Je suis une chanteuse sahraouie qui chante dans la langue locale Hassania, en plus de l'arabe. Je chante pour faire connaître le Sahara occidental et le sentiment d'amour et d'appartenance au pays, je chante pour lutter contre les injustices sociales et les discriminations dont le pays est victime et pour promouvoir les droits des femmes au Sahara occidental et dans la région. J'ai commencé à chanter en 1987 dans les camps de réfugiés prévus pour les citoyens du Sahara occidental sur la terre d'Algérie. Après cela, j'ai travaillé avec des groupes locaux jusqu'à ce que je rejoigne l'Orchestre National du Sahara occidental où j'ai eu l'occasion de me produire avec certains des chanteurs principaux et célèbres de là-bas comme Mariam Alhassan et Mahfood a'aleieen. J'ai enregistré mon premier disque avec eux ici à Paris.

Quel regard portez-vous sur votre profession aujourd'hui ?
La scène musicale actuelle est finalement très grande et diversifiée. Comme je me considère comme une chanteuse intergénérationnelle, je sens qu'il y a un besoin de créer et d'innover de nouvelles sortes de musique, car à l'époque nous étions habitués à un nombre limité de genres musicaux locaux. Aujourd'hui, nous pouvons voir qu'il existe de nombreux genres modernes mélangés, comme le reggae, que je peux utiliser pour améliorer et renforcer mon type de musique et suivre les vagues de la musique actuelle.   

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
J'espère canaliser la voix du peuple du Sahara occidental et montrer au monde qu'il y a des gens dans mon pays qui, avec toutes les douleurs et les contraintes, sont capables de fournir une musique de haute qualité. J'aimerais diffuser la culture du Sahara occidental (en particulier la culture Hassaneia). J'espère aussi que je pourrai, avec mon groupe, élever notre position à un niveau international, que nous pourrons avoir nos propres tournées dans le monde entier. Enfin, j'espère pouvoir utiliser nos voix et nos instruments de musique pour répandre la justice et l'égalité.

 

Interview réalisée en 2019
Photographie : Amandine Besacier