Malika DJARDI et JB GILLET
Chorégraphe et Skateboardeur professionnel
Malika et JB ont obtenu une bourse afin de participer à l'évènement Green Factory organisé par le Centre National de la Danse.
Portrait de Malika Djardi
Quel est votre parcours artistique ?
En terme de disciplines artistiques j’ai initié conjointement des études de danse et d’arts plastiques pour finalement me concentrer sur la danse et les arts vivants. Plus jeune j’ai fait de la gymnastique et de la poterie, de l’équitation puis est venu la danse à 11 ans. Après des études universitaires et un échange avec un conservatoire de danse à Montréal, j’ai décidé de faire un conservatoire en France, j'étais alors âgée de 23 ans, et j’ai été prise au Centre National de la Danse alors dirigé par Emmanuelle Huynh. Après avoir fini mes études, j’ai été interprète pour plusieurs chorégraphes et metteurs en scènes avant de créer mes propres projets.
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
J’aime mon métier dans sa substance mais je déplore la lourdeur administrative qui nous prends énormément de temps (non rémunéré d’ailleurs) et qui contraint finalement beaucoup les opportunités, formes que l’on peut proposer au public. J’aimerais que davantage de lieux soient dirigés par des artistes d’une autre manière que le font les centres chorégraphiques nationaux et institutions culturelles. On peut imaginer des lieux peut-être plus "associatifs" où les budgets ne passent pas d’abord sur l’assise d’une structure de direction et d'administration forte mais plutôt l’inverse, où les artistes auraient davantage de moyens et de souplesse dans la réalisation de leurs projets, des temps de partage et des actions vers le public beaucoup plus directes et régulières.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Peut-être dirigeante d’une nouvelle structure du genre cité plus haut. Je suis curieuse de découvrir d’autres métiers artistiques / d'artisanat aussi. Pour le moment, je vois les choses à court terme et je continue de créer avec les moyens que l’on me donne ou que je suis capable de trouver.
Portrait de JB Gillet
Quel est votre parcours artistique ?
Je n’ai pas vraiment de parcours artistique, j’ai débuté le skateboard quand j’avais 10 ans et sans même le savoir j’ai découvert l’art à travers la culture du skateboard qui a des formes d’art directement liées, que ce soit la perception de l’esthétique des gestes, l’approche et lecture d’un spot, le graphisme des planches et la D.A. des marques, les vêtements, la photographie, la video, la musique etc...
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
J’ai commencé le skate en 1990, une époque où en France le skate était peu développé, on ne pensait même pas à faire carrière, il n’y avait que des passionnés. On pouvait en «survivre» en étant débrouillard, en revendant du matériel que nos sponsors nous donnaient. Il fallait aller en Californie pour être reconnu et validé dans le milieu. On sentait aussi un faussé culturel entre les Etats-Unis, et la France en général qui percevait le skateboard comme un jouet pour enfant. Petit à petit les choses se sont structurées et professionnalisées en Europe, et il y a aujourd’hui une vraie industrie. Les Européens on comprit que chacun pouvait ramené sa «touch». En partie grâce à internet, le faussé culturel général s'est peu a peu effacé, le skateboard dans le monde semble maintenan mieux compris et il est plus mature professionnellement. Avec le recul, je suis heureux d’avoir pu voir cette évolution. La différence maintenant c’est qu’il y a plus de skaters ayant une approche formatée du skateboard, avec une vision très carriériste, et compétitive, à l’inverse de l’esprit et des valeurs du skateboard qui m’ont forgé. Mais il y a de la place pour tout le monde et c’est une richesse que le skateboard ait une multitude de facettes.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Je ne sais pas encore, je n’ai jamais été un grand prévoyant.
Interviews réalisées en 2020
Photographie : Kamila K.Stanley