Eli ROY
Comédien
Eli a reçu une bourse afin de l'aider à suivre ses études au Théâtre National de Bretagne
Quel est votre parcours artistique ?
J’ai commencé le théâtre lors d’un atelier au collège quand j’avais 12 ans. J’ai tout de suite adoré et j’ai essayé de suivre toutes les options et spécialités théâtre qui m’étaient offertes dans ma scolarité pour continuer cette pratique. Après un bac littéraire et une hypokhâgne spécialité théâtre, j’ai poursuivi en licence de Lettres Modernes. Face à l'imprécision brumeuse qui planait sur mon domaine de prédilection à savoir les lettres, mon insatisfaction de l’université et mon désir ardent de théâtre qui ne faisait que grandir, j’ai décidé de me plonger dans une formation théâtrale. J’ai donc été accepté avec joie au conservatoire de Bordeaux pour une formation d’un an. Là, j’ai enfin pu exploiter ma curiosité et ma créativité artistique et la mêler avec mon besoin effréné d’expression corporelle. C’était une grande libération de pouvoir me concentrer sur cette pratique de manière intensive et ça m’a permis d’envisager une suite en école supérieure d’art dramatique. J’ai donc décidé d’investir toute mon énergie et ma motivation dans la préparation des concours pour entrer en école de théâtre. L’exercice des concours est très particulier et intense, il m’a vraiment formé alors que je n’étais plus en formation théâtrale; et j’ai été accepté avec beaucoup d’euphorie au Théâtre National de Bretagne en septembre 2021.
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
En tant que jeune élève comédien, mon regard est assez naïf sur la profession. Même si c’est un endroit parfois ingrat et souvent difficile voir risqué pour les comédien.ne.s, je sais surtout que ce sera mon endroit pour exister avec le plus d’intensité. C’est ce dont j’ai toujours rêvé depuis mon premier spectacle de théâtre au collège et qui continue de m’animer aujourd’hui parce que la profession de comédien porte en elle la passion de toutes les personnes qui s’y sont jetées. C’est un métier assez magique qui permet de vivre beaucoup et intensément en ayant conscience de la fugacité de ces instants vécus. Il me semble aussi que le théâtre reste un endroit important d’une certaine réalité sensorielle là où aujourd’hui les corps se perdent dans la vitesse et les nouvelles technologies. Si cet art si vieux qui nous arrive de l’Antiquité continue d’autant passionner les jeunes, c’est qu’il me semble que sa nécessité lui est inhérente et qu’il y a un lien indissociable avec la vie dans le théâtre. Le théâtre en tant qu’art du spectacle vivant est l’endroit rêvé de la réalité et je l’ai choisi pour porter des voix, des rêves, montrer des réalités de notre présent et partager mes peurs et mes désirs pour notre avenir.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
J’ai beaucoup de mal à me projeter dans le futur pour des raisons majoritairement politiques et climatiques et à la lumière de ces deux dernières années l’avenir me semble encore plus incertain. Pour autant, il me semble que j’aurai appris énormément en sortant de l’école du TNB et j’aurai de fait beaucoup changé. Il me semble que j’essaierai d’accomplir au mieux des projets de théâtre qui me paraîtront être au bon endroit pour le présent dans lequel nous serons. J’essaierai de transmettre et de partager cet art autant que possible comme il a pu m’être transmis. Je n’ai aucune idée de l’évolution de mes raisons d’être comédien mais je pense que je continuerai de faire du théâtre tant que j’aurais besoin de m’exprimer, de réfléchir sur le monde qui nous entoure, de faire rêver les gens, de libérer les imaginaires, de donner de l’espoir, de faire découvrir l’art et le théâtre, d’apprendre à être soi-même, de créer et de vivre. Donc il y a de fortes chances pour que je continue encore longtemps.
Interview réalisée en 2021
Photographie : Julie Glassberg