Emie PERONNIN
Golfeuse

Emie a reçu une bourse pour financer sa participation aux compétitions internationales.

Quel est votre parcours sportif ?
Je viens d’une famille de sportifs, j’ai été bercée depuis la naissance par le sport. J’ai moi même fait 10 ans de handball, 4 ans de karaté et de l’athlétisme dans l’équipe de mon collège et lycée. Cependant le golf fait partie de ma famille depuis que je suis née. Mon père a commencé le golf de lui même et y a entraîné ma mère puis mon grand frère et j’ai donc naturellement suivi, à l’âge de 5/6 ans. Quelques années plus tard, je faisais mes premières compétitions. Mon parcours amateur junior n’est pas très impressionnant, un peu plus d’une demi-douzaine. J'ai pratiqué jusqu'à mes 18 ans le hand, le golf et l’athlétisme, en parallèle, je ne me consacrais donc pas totalement au golf. C’est lors de ma dernière année de lycée que j’ai découvert la possibilité d’obtenir une bourse pour aller en fac américaine et j’en ai profité. Mes victoires et mes bons résultats m’avaient permis de me hisser à la 23e place du ranking amateur Dames et me permettaient ainsi de rejoindre une bonne université américaine : University of Minnesota. Après avoir passé quatre années à étudier, à l’université du Minnesota, j’ai obtenu mon diplôme en Commerce et Marketing. Durant ces quatre années, j’ai également obtenu de nombreuses récompenses scolaires et sportives. De plus, j’ai pu représenter, durant mon cycle universitaire, l’équipe de France aux championnats du monde universitaires de 2016 et aux Universiades d’été en 2017. J’ai obtenu mon diplôme, en juin 2017 et je suis passée professionnelle en janvier 2018. J’ai d’abord évolué sur la deuxième division européenne de golf féminin, le LETAS (Ladies European Tour Access Series). Lors de ma première saison, j’ai fini deuxième du Lavaux Ladies Open puis, quelques mois plus tard, j’ai remporté le Anna Nordqvist Ladies Open. Ces deux accomplissements ainsi que des performances solides, tout au long de la saison,m’ont value le titre de Rookie de l’année 2018 (meilleure joueuse espoir du circuit) ainsi que la montée sur la premiere division européenne, circuit sur lequel j’évolue depuis lors.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession?
Être golfeuse professionnelle c’est, pour moi, bien plus qu’une profession, c’est une passion, un style de vie. Être sportif de haut niveau, c’est aller au delà des horaires de travail conventionnelles. Personnellement, je mange, dors et respire golf. C’est une passion qui consume toute mon énergie et toutes mes pensées. C’est bien plus qu’une passion, c’est qui je suis. Contrairement aux autres sports que j’ai pratiqués, où la période d’effort et de concentration était beaucoup plus courte comme sur un 100m, ou alors avec beaucoup plus d’actions et réactions qui laissaient moins de temps pour cogiter entre deux actions, comme avec le hand, avec le golf je suis livrée à moi même pendant 5 heures, avec mes émotions, mes pensées, mon stress, mes peurs, mes motivations. Mon adversaire principal, c’est moi même. Même si j’affronte une centaine d’autres joueuses en confrontation indirecte, le vrai obstacle c’est moi-même. Il y a ces jours où je suis en harmonie avec moi même et mon  golf, je suis dans « la zone » où pour une fois tout semble facile et fonctionne en ma faveur. C’est un sentiment assez exceptionnel et déroutant à la fois car tout golfeur est en quête perpétuelle de cette zone et c’est ce qui me fascine dans ce sport. Être sportive professionnelle c’est tellement plus que le sport ! Il y a tellement d’à côtés : administration, préparation physique et mentale, nutrition, marketing, j’ai l’impression d’avoir beaucoup d’autres professions !  D’autant plus que, dans le monde du sport féminin, on est amené à faire beaucoup de choses par nous même par manque de financement. Mais il n’y a rien d’autre au monde que je préférais faire et c’est grâce au soutien du fond Porosus que j’ai la possibilité de poursuivre cette passion, ce style de vie.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Dans les cinq prochaines années, j’aimerais retourner vivre aux USA et pouvoir évoluer sur le LPGA. J’aimerais également pouvoir à nouveau gagner un tournoi, mais à un niveau supérieur comme sur le LET ou pourquoi pas le LPGA. Mon objectif ultime ce sont les JO de Paris en 2024, étant passionnée par le sport, de manière générale, il n’y aurait, pour moi, rien de plus magnifique. Il m'est difficile de me projeter dans 10 ans mais j’aimerais tellement pouvoir être capable de vivre de mon golf pendant si longtemps et surtout d’être compétitive sur une si longue période. Il n’existe que peu de sport où une telle longévité est possible. Même étant possible, cela reste extrêmement difficile et çela serait le rêve.

Interview réalisée en 202I
Photographie : Julia Grandperret