Guillaume BEGUIN
Metteur en scène
Guillaume a reçu une aide à l'écriture pour son spectacle Le Théâtre Sauvage.
Quel est votre parcours artistique ?
Après une formation de comédien au Conservatoire de Lausanne, j’ai exercé ce métier durant une dizaine d’années. Puis je suis progressivement devenu metteur en scène et c’est aujourd’hui devenu mon « endroit » préféré. C’est là où je me sens le plus à l’aise pour interroger le monde et développer des outils pour comprendre comment faire avec lui.
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
En Suisse Romande, depuis une vingtaine d’années, il y a énormément de nouvelles compagnies et de jeunes metteurs en scène qui lancent chaque année de nouveaux projets. Bien sûr, tous ne parviennent pas à travailler de manière pérenne. La concurrence est très rude et ceux qui réussissent à imposer leur travail ne sont pas forcément ceux qui ont le plus de talent. Il est en tous les cas très difficile dans le contexte actuel de développer un travail régulier, et sur la durée. On est obligé de multiplier les projets pour exister un tant soit peu. Ce qui limite notre énergie pour accompagner et développer les spectacles déjà créés.
Quand considérerez-vous avoir émergé ?
Je n’aime pas ce terme « d’émergence ». On émerge… de quoi ? De la chienlit ? Pour aller où ? Le but est-il d’avoir la sensation « d’être arrivé » ? Il me semble que ce qui caractérise tout parcours artistique, c’est qu’on ne sait pas très bien d’où on vient ni où on va. Je cherche à l’endroit où ça résiste, où je ne comprends pas encore, mais dont je pressens qu’il m’échappera peut-être un peu moins si je l’explore. Je vois mon art comme un artisanat, où j’essaye patiemment d’aller le plus loin possible, quel que soit le projet. Il y a bien sûr un ou deux spectacles qui ont été plus remarqués dans mon parcours. Mais je ne me suis jamais dit : « tiens, là, il me semble que j’émerge » ! Chacun de mes spectacles, je les ai conçus le plus honnêtement possible, dans le but de partager le projet avec mes collaborateurs et le public de la manière la plus intense qu’il soit possible. Dans ce sens, tous mes spectacles sont importants pour moi, même ceux qui sont moins reconnus ou moins aboutis.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Je ne me pose jamais la question. Pourtant je suis très ambitieux. Mais mon ambition se rapporte à mon travail. Dans 5 ou 10 ans, j’aimerais avoir eu enfin un peu plus de temps pour approfondir chacun des projets que j’aurai réalisé d’ici là.
Interview réalisée en 2014
Photographie : Anthony Anciaux