Julie GLASSBERG
Photographe

Julie va réaliser les portraits  des talents soutenus par Porosus à partir du mois de novembre 2021

Quel est votre parcours  artistique ?
La première fois que j’ai mis les pieds dans une chambre noire, j’étais gamine. C’était pendant une colo d’astronomie. On avait fait une photo de Saturne grâce au télescope, puis nous avions pu développer l’image dans une chambre noire. La lumière rouge, les bains qui faisaient apparaître l’image : j’étais tout de suite absorbée par la magie. Plus tard, je fais quelques années dans un lycée américain en Virginie, dans le sud des États-Unis, où je prends l’option photo et je deviens tout de suite accro. Après 4 ans d’études de graphisme et de communication visuelle à Paris, je pars seule à San Francisco pendant 2 mois, puis je fais un roadtrip solo de 3 semaines sur les routes américaines. Lors de ce séjour, je fais la rencontre d’artistes et de mentors qui me donnent le courage de me lancer en tant que photographe professionnelle. Je pars donc à New York suivre le programme de photo documentaire et de photojournalisme à l’International Center of Photography. Suite à plusieurs boulots d’assistante et un stage au New York Times, c’est à New York que ma vie professionnelle débute. Après 7 ans de vie à New York, je pars au Japon pour une nouvelle expérience, avec un visa vacances-travaille. J’y rencontre beaucoup d’artistes locaux et j’expérimente avec la photo. Suite à mon séjour au Japon, je passe 6 mois à Shanghai en Chine, dans une résidence d’artistes organisée par Swatch, avant de revenir sur Paris où je vis actuellement.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
A l’heure où tout le monde prend des photos de manière aussi simple et accessible, il est important de se repositionner et de s’adapter en tant que photographe professionnel/le. Tout comme la peinture n’a pas disparu à l’apparition de la photographie, je ne pense pas que cette photographie digitale et omniprésente fera disparaître notre métier. Cependant, elle impose une adaptation. Il faut redéfinir la photographie professionnelle, et la pousser dans ses limites, les dépasser, révolutionner son utilisation et son mode de diffusion. Certains media vont disparaître pour laisser place à d’autres. Il est nécessaire aussi d’éduquer les gens par rapport à l’image et à son utilisation. Cela permettra une meilleure compréhension de la photographie et un respect du travail de photographe dans une société où l’image est omniprésente. Cela inquiète toujours un peu quand une ère se termine, mais il y a aussi une véritable excitation envers toutes les nouvelles possibilités qui vont se présenter à nous.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
J’espère, dans 5 où 10 ans, avoir trouvé un véritable équilibre entre le travail de commande et le travail personnel. Que les deux ne soient pas radicalement différents, non plus. Dans l’idéal, je ne travaillerai plus qu’avec des personnes qui respectent le métier de photographe, ont une éthique et partagent des valeurs similaires aux miennes. Ainsi, nous pourrions rêver ensemble de la direction visuelle et conceptuelle avant de la concrétiser. Le métier de photographe documentaire ou de photo reportage étant très solitaire, j’aimerais également faire davantage de collaborations interdisciplinaires. J’aime le travail d’équipe pour arriver à un résultat d’intérêt commun. Cela permet aussi de sortir de sa zone de confort et de découvrir de nouveaux univers. Du point de vue photographique, je compte également apprendre beaucoup plus de choses d’ici là. J’apprécie l’apprentissage perpétuel (en lumière, technique, direction artistique, théorie, etc.), ainsi que les rencontres extrêmement diverses qui permettent de découvrir des philosophies et des modes de vie très différents.

Interview réalisée en 202I
Photographie : Julie Glassberg