Kubra KHADEMI
Metteuse en scène
Kubra a reçu une aide à la production pour son spectacle Reperformance ainsi qu'une aide à la création en partenariat avec l'Atelier des Artistes en Exil.
Quel est votre parcours artistique ?
Je suis une artiste multidisciplinaire. J'ai toujours dessiné depuis l'enfance et aujourd'hui je pense que je me dessine ‘moi-même’. J'utilise aussi mon corps dans mon travail. Je fais des performances. J'ai toujours été fascinée par les espaces publics, qui étaient pour moi inatteignables car faits ‘pour les hommes’, un phénomène pour moi mystérieux jusqu'à ce que je comprenne la notion de patriarcat. J'ai commencé à l'explorer en marchant, ce qui est devenu la base de mes pratiques de performance. La marche est le dessin de l'art dans la performance. Marcher dans les villes m'a fait réfléchir, questionner, ressentir en tant qu'individu, et cela me conduit à toutes mes créations.
Quel regard portez-vous sur votre profession aujourd'hui ?
Aujourd'hui, je peux voir clairement dans quelles mesures j'étais une artiste quand j'étais enfant. Par exemple : le dessin de femmes nues, l'utilisation de mon corps sous différentes formes, je dirais que j'explorais ma sexualité. J'étais douée pour imiter les autres... En fait, j'ai fait beaucoup de choses que ‘je ne devais pas à faire’—parce que j'étais une fille... c'est pourquoi ma mère me punissait pour tout. J'étais une ‘mauvaise fille’ selon la définition de ma mère ou de la culture afghane. Maintenant, je ne me sens plus pécheresse parce que je sais que j’étais simplement une artiste. La méchante fille du passé est une artiste aujourd'hui. J'utilise ma vie personnelle dans mon travail. Il s'agit de mon identité et/ou de ma sexualité et de mon exil. Je vis dans mon art.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Je continuerai à vivre à travers mon art.
Interview réalisée en 2019
Photographie : Amandine Besacier