Magali TOSATO
Metteur en scène

Quel est votre parcours artistique ?
Après plusieurs assistanats auprès de compagnies suisses romandes, j'ai interrompu mes études de lettres à l’université de Lausanne pour suivre une formation de metteure en scène à la haute école de théâtre "Ernst Busch" à Berlin (2010-2014). J'ai ensuite fondé à Lausanne, avec Lydia Dimitrow et Franziska Keune, la Compagnie mikro-kit avec laquelle j’ai commencé à un travail mêlant fiction, éléments documentaires et fragments biographiques. Je le poursuis actuellement grâce à une bourse de compagnonnage théâtral de la Ville de Lausanne et du Canton de Vaud (2015-2017).

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre profession ?
Mon expérience en Allemagne, en Suisse romande et en France, pays qui ont tous un système de production, de financement et de formation différent, m’a montré que partout ces systèmes sont fortement mis en cause : ils peinent en effet à garantir aux artistes des moyens financiers et des revenus décents, des conditions de production flexibles et adaptées à la spécificité des différentes démarches artistiques. Cette tension crée cependant une émulation très stimulante. Elle conduit en effet de nombreux artistes à investir d’autres lieux, à inventer d’autres formes théâtrales, à développer de nouvelles structures et de nouveaux modes de fonctionnement: le défi étant de redéfinir ce qu’est le théâtre d’aujourd’hui sans le réduire, et de réaffirmer sa place dans la société tout en défendant l’indépendance de l’artiste.


Quand considérez-vous avoir émergé ?
L’émergence s’est faite pour moi au moment où s’est produite une convergence entre l’affirmation de mon geste artistique et une reconnaissance institutionnelle. En premier lieu lorsque ma mise en scène de La Mission de Heiner Müller a été invitée dans le cadre du “Heiner Müller Festival” au Residenztheater à Munich, en 2013. Puis lors de ma mise en scène de diplôme “I love Italy and Italy loves me” en 2014, marquée par ma rencontre avec Vincent Baudriller, laquelle a débouché sur trois collaborations avec le Théâtre de Vidy à Lausanne (Hamlet dans les écoles, Home-Made et Amour/Luxe) signant mon entrée dans le monde professionnel.


Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Je me vois poursuivant mon travail avec la Compagnie mikro-kit, peut-être au-delà de la Suisse romande et avec une plus grande équipe, mais toujours habitée du même désir de raconter l’intime, le quotidien, le non spectaculaire pour en révéler la dimension politique. Créer des spectacles pour tenter d’appréhender le monde dans sa complexité, pour tenter d’ouvrir un espace où le public se sente intimement concerné et collectivement impliqué par ce qui est en jeu. J’espère garder mon élan utopique de vouloir contribuer à inventer notre avenir, de même que ma révolte et mon envie de lutter face à un monde qui lui laisse si peu d’espace.