Mahmoud HALABI
Peintre
Maral a reçu une aide à la création en partenariat avec l'Atelier des Artistes en Exil.
Quel est votre parcours artistique ?
J’ai fait une école de scénographie, 2 ans à l’Institut des beaux-arts de Damas, sans penser un jour devenir artiste-plasticien, j’étudiais la peinture pour le plaisir. Je suis venu en France faire des études de scénographie et d’architecture. La première fois que j’ai eu des toiles exposées, c’était en 2012 pour une association qui venait en soutien aux enfants syriens, je n’avais toujours pas en tête de devenir artiste-peintre. En 2015, un professeur à la Sorbonne m’a demandé pourquoi je n’exposais pas, qu’il fallait penser à exposer. J’ai commencé à exposer, fin 2015, à Paris au Grand Palais et j’ai vendu des toiles... La deuxième et la troisième exposition se sont bien passées, j’ai eu de bons retours, cela m’a encouragé à devenir plasticien. J’ai entendu parler de l’Atelier des artistes en exil par Facebook, j’ai participé à une réunion et je me suis inscrit en août 2017. J’ai obtenu un espace de travail et j’ai été invité, durant la première édition du Festival Visions d’exil, à réaliser une performance retransmise en vidéo, je peignais un tableau en publicdurant une soirée littéraire. J’ai également participé à la deuxième édition du festival à l’occasion de l’exposition Regardez-moi.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre profession ?
Le rôle de l’artiste est très important, l’art est tout autour de nous, on ne peut pas vivre sans lui, il est partout, dans nos rues, dans nos habits, dans nos modes de vie. L’art est également important pour apporter un regard nouveau au public. L’artiste a une façon de voir le monde autrement, il montre les choses différemment, pose des questions. Je travaille avec des matériaux industriels (rouille, ciment, goudron, cuivre…), pour peindre un portrait de l’humain qui nous ferait réfléchir aux problématiques écologiques, pour interroger nos modes de vies pour les générations à venir. J’essaie de montrer le futur aux gens, pour les alarmer, leur demander de faire attention. Ma manière de travailler est assez violente, je livre une bataille avec les toiles et y dépose ma colère, comme une réponse à un monde malade, en perdition.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Je ne pense pas beaucoup à mon propre avenir. J’essaie, à mon échelle, de changer ce qui est possible. Je suis plutôt optimiste, les nouvelles générations sont plus ouvertes que les précédentes et au fait des problèmes écologiques, elles cherchent des solutions. On a vu dans l’Histoire beaucoup de violences et de guerres. Il me semble que le monde est de plus en plus humain. Avant, les hommes étaient sauvages, aujourd’hui les gens essayent d’améliorer leurs styles de vie pour rendre plus supportable la condition humaine. J’ai hâte de voir l’avenir et ses changements positifs. En étant optimiste, on bouge, on cherche des solutions, mais si on est pessimiste, on ne fait rien.
Interview réalisée en 2018
Photographie : Céline Anaya Gautier