Manon GUILLUY
Comédienne

Manon a reçu une bourse afin de l'aider à suivre ses études à  l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique de Paris.

Quel est votre parcours artistique ?
J’ai commencé le théâtre à l’atelier amateur le plus proche de chez moi ainsi que, parallèlement, dans mon lycée à Béthune, dans le Pas-de-Calais. Après le bac et deux années sur les bancs de l’Université de Lille, à me demander où était ma place, j’ai décidé de partir à Bruxelles, en première année, aux Cours Florent. Puis à la fin de cette année, j’ai appris qu’une classe préparatoire, aux écoles d’art dramatique, venait d’ouvrir à la Comédie de Béthune. Retour aux sources, dans la ville où j’ai commencé le théâtre, pour suivre deux années de formation, avant d’être acceptée, en septembre 2021, à l’École Supérieure d’Art Dramatique de Paris.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Aujourd’hui, plus que jamais, mon regard est inébranlable sur la nécessité tellement euphorisante de continuer à créer, inventer et réinventer. Je pense que c’est pour ça qu’on persiste à survivre. Dans un monde où il faut être efficace et essentiel, produire beaucoup et rapidement, j’aime que ma profession se permette d’être en marge, d’avoir sa propre respiration. Mes moments préférés, quand je suis au plateau ou quand je suis spectatrice, c’est quand je peux me dire « il n’y a qu’au théâtre que je peux faire ça, voir ça ». Même en prenant en compte la réalité difficile du métier, mes doutes et mes peurs, j’ai l’impression que c’est une vraie chance, encore aujourd’hui, de faire ce que l’on aime dans la vie.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Question difficile. Dans 5 ans, je me vois jeune actrice qui vadrouille entre les créations, cherchant un peu ma place, mes affinités, avec d’autres artistes, pour construire un chemin ensemble. Peut-être faire émerger une compagnie avec des camarades de ma promotion.
Dans 10 ans, j’aurais 33 ans, je me dis que j’aimerais beaucoup commencer à transmettre ce que je pense connaître du théâtre, et c’est de cette façon qu’on s’enrichit aussi. J’espère aussi ne pas oublier un de mes objectifs, qui est de faire du théâtre pour ceux qui n’y vont jamais, pour ceux qui trouvent cela inaccessible ou pas pour eux. Et pour rêver un peu, je me vois jouer des grands rôles comme Hermione, Célimène ou Lady MacBeth.

Interview réalisée en 2021
Photographie : Julie Glassberg