Mohamed ASSANE
Danseur
Mohamed a reçu une bourse pour participer à la manifestation Camping organisée par le Centre National de la Danse.
Quel est votre parcours artistique ?
J’ai commencé la danse d’une manière régulière, en 2001, avec l’idée d’exister dans mon île Mayotte. De 2001 à 2005, je n’avais pas encore rencontré des danseurs extérieurs à mon île. J’ai appris tous les mouvements en regardant des DVD puis j’essayais de les reproduire en trouvant une technique adaptée. En 2005, j’ai rencontré des danseurs mahorais (habitants de Mayotte) de l’association Hip Hop Évolution. Ce fut une expérience très intéressante car ils nous ont permis de comprendre que danser nécessitait une préparation. En 2009, j’ai eu mon premier contact avec une compagnie professionnelle E. GO de Niort, cela m’a permis d’avoir une formation pour travailler le gestuel et la présence scénique. En 2013-2014 : j'ai signé le spectacle Malaïka pour lequel je me suis réapproprié les danses traditionnelles d’Afrique de l’Est, habillé de la danse hip hop. Cette première expérience m’a permis de mettre en place ce que j’avais appris avec la compagnie E.GO. Durant cette même période, j’ai également repris le spectacle Catch me, traduit en langue locale MSIKANO, qui a tourné sur le territoire de Mayotte et l’Ile de la Réunion. Cette expérience m’a permis de découvrir les coulisses d’une tournée et le professionnalisme que doit avoir un danseur.De 2015-2016 : j’ai travaillé sur la pièce Walé qui relate mon parcours d’immigré vers un autre pays. Ce spectacle m’a permis de mettre en place ma première scénographie. J’ai eu la chance d’être accompagné, pour les chorégraphies, par Elena Bertuzzi, qui a su nous transmettre son expérience de danseuse.De 2017-2019 : j’ai travaillé sur la nouvelle pièce Nazrongoloué, qui essaie de dire ce qui ne doit pas être dit, dans un style burlesque et en outendé (style oratoire comorien).En parallèle, j’ai pu mettre en scène Mtroumché, en partenariat avec une association de danse traditionnelle qui est composé de 100% de femmes. C’est un vrai succès parce que, pour beaucoup, c’est une nouvelle vision de la danse traditionnelle.
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
J’ai beaucoup appris et je continue à apprendre afin d'avoir un maximum d’éléments pour mieux exprimer mes positions et mes propositions.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Je souhaite continuer à apprendre pour m’essayer à d’autres styles. Je me laisse guider par l’envie de pratiquer l’expression artistique afin d’affirmer mes positions idéologiques, politiques et morales et pour essayer de mettre en avant l’humain. L’objectif pour les années à venir est d’apprendre à utiliser les différents moyens d’expression (théâtre, photo/vidéo, poésie, art plastique…) pour avoir encore plus de possibilités d’expression afin d’apporter quelque chose que l’on pourrait appeler « nouveau » alors que finalement c’est juste un mélange.
Interview réalisée en 2019
Photographie : Amandine Besacier