Nicolas BIRKENSTOCK
Réalisateur

Nicolas a reçu une aide à l'écriture pour son prochain long métrage.

Quel est votre parcours artistique ?
J'ai d'abord gagné ma vie en tant que comédien, mais je me suis rapidement rendu compte que d'autres faisaient cela bien mieux que moi. L'expérience du théâtre a néanmoins été primordiale dans mon parcours. Pour ce qui est des films, j'ai commencé à pratiquer durant l'adolescence, en vidéo pour commencer, des films décoratifs, sans enjeux, inavouables. C'est l’une des grandes caractéristiques des réalisateurs de ma génération, je crois. Grâce à la vidéo - ou à cause d'elle - nous sommes nombreux à avoir commencé par filmer tête baissée, guidés par l'intérêt ludique de la chose. C'est à force de pratiquer que j'ai fini par théoriser, poser mes propres barrières et trouver mes démons. J’ai réalisé pour l'essentiel trois courts métrages : "Le bout des doigts" en 2002, "Pépins noirs" en 2004 et "Mon miroir" en 2006. Puis, quelques assiettes de pâtes plus tard, mon premier long métrage "La pièce manquante".

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Je me dis que l'on n'est jamais réalisateur de façon définitive. Ça ne se décrète pas. Un peu comme un titre sportif, que l'on remet en jeu à chaque fois. C'est une dimension intéressante, car autant un chef opérateur ou un ingénieur du son pratiquent le métier auquel ils ont été formés, autant la fonction de réalisateur est beaucoup plus floue. Il suffit d'être au coeur d'un projet pour en devenir le metteur en scène. La question de la légitimité ne se pose pas forcément. Preuves en sont les nombreux comédiens, écrivains, dessinateurs ou critiques qui passent à la réalisation. Si l'on a le pouvoir de fédérer du monde autour d'un projet, que l'on en sait un tant soit peu sur chaque corps de métier et que l'envie est forte, alors il peut y avoir un film. Voilà le regard que je porte sur cette profession, et il est loin d'être pessimiste. Mais l'on est avant tout le metteur en scène d'un seul film. Puis d'un autre. Et si cela peut continuer, alors c'est merveilleux.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
J'ai mis 5 ans à faire "La pièce manquante". J'espère que dans les années à venir, j'aurai pu concrétiser d'autres projets qui me rendront aussi fier, et dans un laps de temps plus court. J'espère également - avec une naïveté enfantine - que les conditions de fabrication des films ne vont pas se durcir davantage, pour moi comme pour les futurs autres réalisateurs. J'aimerais pouvoir, dans 10 ans, pratiquer ce métier avec un minimum d'insouciance, même si je sais, au fond, que rien n'est jamais joué d'avance.

 

Interview réalisée en 2014
Photographie : Anthony Anciaux