Paul NOUHET
Réalisateur
Paul a reçu une aide à l'écriture pour son prochain court métrage.
Quel est votre parcours artistique ?
J’ai grandi à Bordeaux et quand j’étais adolescent, je faisais beaucoup de skate avec mes amis. On avait une grande bande de copains, on passait nos après-midis à tracer dans Bordeaux et c’est moi qui filmais. Ensuite je montais les images sur des musiques qu’on aimait et je partageais les vidéos sur youtube. C’est comme ça que j’ai commencé à m’intéresser à la fabrication d’images et de sons. Ce sont les vidéos de skate qui m’ont mit le pied à l’étrier. J’étais alors particulièrement attiré par l’aspect technique de l’audiovisuel, par le matériel, les logiciels, les caméras etc... Après avoir obtenu mon bac, je me suis installé à Bruxelles pour étudier l’audiovisuel dans une école qui s’appelle la HELB (ex-INRACI) et mon attrait pour la technique s’est mué en une passion pour le cinéma, pour la narration et en particulier pour le montage. J’y ai notamment fabriqué un documentaire sur l’aéroport cargo de Liège, Contrôle (2015), co-réalisé et monté avec mon acolyte Julien Dewachiret.
Et puis, en 2016, j’ai intégré le département montage de l’école parisienne La Fémis dans laquelle j’ai continué à apprendre le métier : la relation avec le réalisateur, avec les personnages, avec la matière cinématographique et surtout avec le film lui-même... En parallèle de ma formation de monteur, j’ai réalisé deux court- métrages avec du matériel prêté par l’école : Les méduses de Gouville (2018) produit par Tristan Vaslot et Camille sans contact (2020) produit par Dorothée Lévesque. J’y développe un personnage que j’interprète; un personnage un peu lunaire, burlesque et mélancolique qui se pose pas mal de questions sur le sentiment amoureux. Cependant, mon film de fin d’étude n’a rien à voir, c’est un documentaire formellement très hétéroclite sur la construction d’un quartier du future dans le centre de Bordeaux, dans les années 60.
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Je pense qu’on a une certaine chance, quand on veut faire du cinéma, de pouvoir fabriquer nos films en France. Il y a beaucoup soutiens pour les jeunes cinéastes : des aides à l’écriture et au développement, des résidences, des écoles publiques, l’intermittence du spectacle, les nombreux festivals de cinéma etc.. C’est réjouissant de voir que le cinéma circule autant, est aussi vivant et diversifié. Et en même temps, on sent bien que tout ça est très fragile, particulièrement en ce moment. Je pense notamment aux festivals et aux salles de cinéma, ceux qui projettent les films et qui proposent d’y réfléchir ensemble, qui créent du lien entre les gens, dans une époque où nous sommes en perte de lien justement. Le cinéma et les cinémas occupent une place centrale dans la vie sociale, dans la politique et je crois que c’est la dessus qu’il faut veiller aujourd’hui.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
J’espère d’abord à une table de montage, au près de réalisatrices et réalisateurs qui m’intéressent, travaillant pour des films que j’aime. Des films très différents les uns des autres, ça serait génial, car tout les cinémas me passionnent à condition qu’ils soient personnels. Et puis, un peu comme j’ai pu le faire jusqu’à maintenant, pouvoir réaliser des films quand j’en éprouve l’envie et la nécessité. En fait, continuer à nourrir ma pratique du montage par la réalisation de mes propres projets, et inversement.
Interview réalisée en 2020
Photographie : Julia Grandperret