Samer SALAMEH
Réalisateur
Samer a reçu une aide à la création pour son prochain documentaire en partenariat avec l'Atelier des Artistes en exil.
Quel est votre parcours artistique ?
J'ai commencé à pratiquer l'art dès mon plus jeune âge en tant qu'acteur dans le théâtre au lycée et à l'université où j'ai joué de nombreuses pièces et participé à des ateliers d'art dramatique, de mime et de danse classique. Après quelques années, j'ai eu la chance de jouer dans un film et j'ai été séduit par le cinéma. J'ai rencontré un réalisateur avec qui j'ai exercé pendant les dix années suivantes. En plus de mon travail d'acteur et de mes études à l'université de Damas et à Beyrouth, j'ai commencé à apprendre et à développer mes compétences dans le montage photo et la réalisation grâce à des ateliers, de la lecture et des cours en ligne... En plus de tout cela, j'ai grandi dans un camp de réfugiés palestiniens où l'art avait un grand espace. C'est un outil unique pour élever nos voix, défendre nos droits, cela a eu une grande influence sur moi !
Quel est votre regard sur votre profession aujourd'hui ?
J'ai toujours été fasciné par l'art. J'ai réalisé que l'art n'est pas une profession facile, d'autant plus que la plupart de mes expériences précédentes étaient basées sur des conditions de guerre. L'art est une profession si importante pour moi, pour les valeurs qu'il véhicule et le rôle qu'il joue dans les changements sociaux. Le pouvoir d'expression touche les gens, les fait ressentir, rire, pleurer, et nous permet de discuter des idées philosophiques, des questions historiques et des concepts sociaux, c'est aussi une façon unique de s'exprimer pour moi. C'est un défi quotidien de trouver, avec mes compétences, une meilleure façon de m'exprimer, de ressentir, de comprendre le monde, de faire partie de la lutte humaine pour une vie et un avenir meilleurs. Aujourd'hui, j'ai la chance d'avoir survécu à l'une des plus grandes catastrophes de l'histoire moderne, j'ai trouvé en France un endroit sûr, avec de meilleures opportunités et une meilleure protection, je vais développer mon travail avec un meilleur accès à la vie professionnelle et universitaire.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Dans 5 à 10 ans, je souhaite avoir terminé mes études universitaires, amélioré mes compétences et avoir un bon accès au système de production et à la vie, où je peux produire mon travail artistique et faire partie de la vie universitaire, professionnelle et intellectuelle. J'espère obtenir la nationalité française et pouvoir retourner voir ma patrie, la Palestine, ce que je n'ai pas encore pu faire. J'espère également faire partie de la vie artistique, sociale et politique, répondre à mes devoirs et participer à la création d'un avenir meilleur en défendant les victimes et en rejetant le crime partout dans le monde.
Interview réalisée en 2018
Crédit photographique : Céline Anaya Gautier