Valentin TOURNET
Violiste et chef d'orchestre
Valentin a reçu une bourse pour acheter une viole de gambe.
Quel est votre parcours artistique ?
Je suis passionné depuis mon plus jeune âge par la musique ancienne et classique jouée de manière “historiquement informée“. Fasciné par l'immense richesse du répertoire musical européen, je songe depuis plusieurs années à jouer et restituer la musique d'autres époques en recherchant la sonorité des instruments existants à ces périodes, fondant mes choix artistiques sur la recherche d'une synthèse entre connaissances stylistiques et historiques, et imagination créative contemporaine. Le vaste fond musical de ces périodes anciennes permet la redécouverte de pièces oubliées et offre d'innombrables possibilités d'explorations sonores. C'est en développant cette recherche que je termine mes études en dernière année de Master au Conservatoire National Supérieur de Paris.
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Depuis le boom de la musique ancienne à la fin du siècle dernier avec des films populaires comme "Tous les Matins du Monde", la manière d’envisager ces musiques a beaucoup évolué. De nombreuses vocations sont nées, les départements de musique ancienne des conservatoires se sont remplis et il y a aujourd’hui beaucoup de professionnels “spécialisés“ dans cette pratique. Mais tout cela ne doit pas nous rendre sectaire !! Pour prendre un exemple, il est certain que j’ai toujours préféré entendre Bach au clavecin qu’au piano ! Néanmoins, quelques pianistes exceptionnels parviennent à insuffler une telle émotion en jouant des pièces du cantor que tous ces éléments stylistiques passent au second plan, finalement...
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
J’ai de nombreux projets pour les prochaines années, notamment avec mes amis de La Chapelle Harmonique, l’ensemble que j’ai formé et que je dirige, qui est constitué d’un chœur et d’un orchestre sur instruments d’époque. Certains programmes se construisent des années à l’avance et nécessitent de voir loin dans le temps. Associer les arts me tente beaucoup car je trouve que tout part d’une énergie créatrice commune que l’on peut ressentir en musique, en peinture, en danse, en architecture... Créer en mettant en synergie l’improvisation musicale avec d’autres disciplines artistiques, influer les uns sur les autres, laisser venir l’inspiration... je trouve cela passionnant et profondément sain ! N’oublions jamais que la sincérité et l’émotion doivent être au cœur de tout ce que nous faisons.
Interview réalisée en 2018
Photographie : Céline Anaya Gautier