VENEDIG MEER
Compagnie de théâtre

La compagnie Venedig Meer a reçu une aide à la production pour son spectacle L'Invisible n'est pas inexistant.

Quel est votre parcours artistique ?
Nous sommes trois artistes formé.es en interprétation dramatique en Belgique. Nous avons, chacun.e, investi, par la suite, des domaines complémentaires et/ou différents.  Notre compagnie Venedig Meer a été fondée en 2016 et bénéficie des subventions pluriannuelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles depuis 2019. Depuis 2022, nous assumons une codirection à autorités distribuées : 

Florence Minder, autrice, actrice, metteuse en scène. Responsable des fictions, liens et partages
Manon Faure, responsable administrative et financière, stratégies de production
Julien Jaillot, directeur d’acteur·ices, metteur en scène, dramaturge. Coordinateur de création

Venedig Meer, à travers une pluralité de formats scéniques et de collaborations, défend la fiction comme un lieu de pensée, d’innovation et de survie. 
Nous tentons de rendre compte de la manière dont les réels se produisent, se co-produisent et se reproduisent.
Nous cherchons à identifier les récits collectifs qui nous déterminent.
Nous croyons en l’utilité pour chacun.e de définir le territoire de sa pensée et de savoir faire la différence entre un désir, une nécessité, une volonté, une addiction et un combat.
Nous défendons un régime d’imagination (et d’action) favorisant le soin de toute la communauté du vivant.
Nous pensons que l’humour et le tragique sont complémentaires et que l’un ne saurait se passer de l’autre.
Nous cherchons des solutions.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Dans une société où les algorithmes tendent à morceler et individualiser les récits, nous défendons l’art vivant comme un espace de possibles relations, inventions et discussions.
Travailler à la reconnaissance mutuelle plutôt qu’à la reconnaissance individuelle nous occupe en termes d’écriture, de représentation et d’esthétique mais aussi, au quotidien, dans la collaboration avec nos équipes, au sein de notre fonctionnement administratif et alimente nos réflexions pour le futur. Il n’y aura pas de « nouvelles narrations » sans nouveaux modes de production.
Par ailleurs, notre pôle de partage, qui inclut, entre autres, des médiations, du partage de savoirs, de l’enseignement, de l’hospitalité artistique et des rencontres publiques et professionnelles a pour but de partager et nourrir notre pensée vivante et en constante évolution.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Nous espérons que Venedig Meer et ses membres seront en bonne santé physique, mentale et financière dans un monde qui aurait dès maintenant adopté une attitude solarpunk. C’est-à-dire une vision qui a déprogrammé l’apocalypse et l’effondrement. Une vision où les théâtres sont devenus des écosystèmes où la société (se) discute de manière collective, où la mort et la vie sont bienvenues. Où les espaces de représentations sont multiples, souples et fluides. Où les barrières linguistiques se feraient ponts polyglottes.
Nous imaginons un monde où l’éducation, la santé, l’(agri)culture seraient subventionnées à la hauteur des besoins de la communauté du vivant. Même si la vie extra-terrestre est une évidence (cf Nathalie Cabrol), nous nous voyons donc bien ici sur Terre et pas en train de coloniser Mars.
Notre projet à venir, L’invisible n’est pas inexistant, qui implémente un dispositif inédit de lampes à gravité traduit notre envie d’explorer des techniques théâtrales nouvelles. Nous espérons continuer dans le futur à collaborer avec d’autres secteurs (comme ici l’ingénierie et les techniques d’imagination chamaniques) qui à la fois enrichissent nos récits et révèlent nos angles morts.
Nous continuerons à écrire des histoires.
Nous défendrons (plutôt avec des stylos) la protection des capacités imaginatives.
Nous serons toujours du côté de la fiction.

Pour une rencontre virtuelle : 
venedigmeer.com

Pour une rencontre physique :
Théâtre Varia, rue du Sceptre 78 - 1050 Bruxelles

 

Interview réalisée en 2023
Photographie : Morgane Delfosse