Yama Ndiaye
Photographe

Yama réalise les portraits des talents soutenus par Porosus en 2025.

Quel est votre parcours artistique ?
Mon parcours artistique s’est construit très tôt, dans un environnement profondément créatif. Née à Paris d’un père peintre Sénégalais et d’une mère plasticienne originaire d’Albi, j’ai grandi entourée de couleurs et de récits visuels, une éducation qui a nourri mon regard artistique.
Ma double culture est également rapidement devenue un point central de ma pratique. Explorer ces deux héritages m’a poussée à créer un langage visuel capable de relier ces influences et qui tente de rendre visibles les identités qui m’ont façonnée. Très naturellement, je me suis tournée vers la photographie comme moyen d’expression et d’exploration.
En 2023, je sors diplômée de l’école des Gobelins, où j’ai pu développer mes connaissances techniques et affiner mon regard. L’année suivante, je reçois le Grand Prix Picto de la Photographie de Mode pour mon projet «Nataal», une série introspective explorant les questions d’appartenances liées au métissage et à la double culture.
À côté de mon travail de commande, notamment dans le domaine de la mode, je me consacre à des projets personnels au long cours qui explorent les représentations diasporiques, l’identité et la mémoire. Mon travail a été présenté dans plusieurs expositions, parmi lesquelles le Festival Les Femmes S’exposent (Houlgate, 2025), le Salon de la Photo (Paris, 2025) et la Villa Noailles (2025–2026). En 2025, j’ai également remporté le Prix du Public lors du 40 Festival de Hyères de la Villa Noailles pour mon projet en cours Tangana.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Aujourd’hui, j’observe que les frontières entre les genres photographiques s’ouvrent et se mélangent de plus en plus. C’est un mouvement dans lequel je me reconnais pleinement : mon travail se situe à la lisière de la photographie documentaire, de la mode et d’une approche plus plasticienne. Cette hybridité me permet de raconter autrement, de construire des narrations qui ne se limitent pas à un seul langage visuel. Je trouve passionnant de voir émerger de nouvelles formes de photographies plus libres, plus proches de l’art contemporain. Même si certains cadres restent encore un peu rigides, j’espère voir cette hybridité se développer davantage, car elle ouvre énormément de possibilités créatives. La photographie devient plus accessible, plus ouverte, et cette évolution transforme notre profession en nous invitant à affirmer davantage nos visions et nos voix d’auteurs.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Dans cinq ans, je me vois surtout continuer à développer ma pratique, à explorer encore davantage les possibilités de la photographie. J’aimerais pousser plus loin l’aspect plastique de mon travail, expérimenter d’autres formes de tirages, d’installations, et réfléchir à la manière dont l’image peut exister dans l’espace, notamment à travers la scénographie.

Dans dix ans, j’espère être encore plus proche de mon pays le Sénégal. J’aimerais pouvoir y vivre une partie de l’année, tout en gardant un ancrage en France. Je me vois aussi développer un programme de curation sur place, créer un espace de partage et d’échange, et pouvoir accueillir d’autres artistes dans le cadre de résidences.

Interview réalisée en 2025
Photographies réalisées en 2025 par Yama Ndiaye