Zoël AESCHBACHER
Réalisateur

Zoël a reçu une aide à l'écriture pour son prochain court métrage.

Quel est votre parcours artistique ?
Mon point de départ est la démocratisation d'Internet, qui marque le moment où tout est devenu accessible sur la toile. Je me suis ensuite passionné pour la musique. Durant toute mon adolescence, j’ai composé des musiques dans ma chambre à l'aide d'un ordinateur et d'un simple synthétiseur. À travers les clips accessibles sur les plateformes telles que YouTube ou Dailymotion, je me suis mis à me passionner pour l'image. Mon désir était à l'époque simple : combiner ces deux arts.
J'ai grandi en suisse où les entrées en salle coûtent cher. C’est donc principalement avec Internet que j'ai pu m'éduquer. À la fin de mon lycée, j’ai décidé de m'inscrire dans une école d'art à Lausanne, dans laquelle un département cinéma existe.
J'ai terminé ma formation avec un film de diplôme, BONOBO. Avec ce film, j'ai eu l'opportunité de gagner le « Prix du public » en 2018 au festival de film de Clermont-Ferrand, ainsi qu’un oscar du « Meilleur film d'étudiant ». Entre-temps, j'ai passé 2 ans à assister un réalisateur de publicité et de clip, pour finalement m'installer à Paris en 2018. En 2021, je suis retourné sur le plateau avec un deuxième court-métrage en co-production entre la France et la Suisse. En 2023, le film a obtenu le « Prix spécial du Jury » au festival de Clermont-Ferrand. Actuellement, je suis en train de développer mon premier long-métrage.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Il est difficile, pour moi aujourd’hui, d'avoir un regard stable sur ma profession. Je sens que le métier et la manière même de fabriquer des films sont en pleine mutation. Actuellement, les films se fabriquent de plus en plus pour des plateformes, remplaçant, selon moi, l'expérience authentique des salles de cinéma. Aujourd’hui avec les nouvelles technologies, les professionnel·le·s du cinéma réfléchissent différemment à la forme du cinéma. Comment peut-on redonner le sens de l'expérience lorsque tout le monde a pris comme habitude de découvrir des films à la maison sur son ordinateur ou sur sa télévision ?
Je vois le cinéma avant tout comme un divertissement, un grand spectacle, mais il me semble aussi important d'apporter une dimension plus approfondie, dans laquelle il est possible de continuellement remettre en question la place de l'Homme, son comportement et ses névroses. Il est très difficile de défendre cette position, surtout lorsque l'on dépend des plateformes et des studios actuels qui cherchent à créer des contenus de masse. Je m'efforce de vouloir fusionner ces deux envies, mais également de rendre ce cinéma exigeant accessible et sans exclure l'audience qui est, en quelque sorte, notre meilleure amie. Car avant d'être un cinéaste, je ne suis ni plus ni moins qu'un spectateur. Je m'efforce de m'adapter au mieux aux changements perpétuels du cinéma.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Dans un premier temps, j’espère pouvoir vivre pleinement de mon art. Et dans un deuxième temps, j'espère pouvoir, d'ici là, perfectionner et façonner mon identité cinématographique. Et, qu'avec le temps, je puisse trouver ou du moins approfondir mon style cinématographique, afin qu’il me ressemble le plus possible. J’espère également pouvoir collaborer avec plusieurs pays en co-production et rendre mon cinéma international.

 

Interview réalisée en 2023
Photographie : Morgane Delfosse