Frederik EXNER
Sculpteur, artiste visuel
Frederik a reçu une bourse dans le cadre du programme "Artistes émergents d'ici et d'ailleurs" initié en partenariat avec l'association Thanks for Nothing.
Quel est votre parcours artistique ?
J'ai commencé mes études à l'Académie Royale Danoise des Beaux-Arts en 2016. J’avais 24 ans et c'était ma troisième tentative et j'étais donc très motivé et j'ai mis beaucoup d'énergie dans l'école et dans mon travail. À l'époque, je ne faisais que des vidéos, mais lorsque j'ai commencé l'école, j'ai essayé de me forcer à sortir de ma zone de confort et j'ai commencé à travailler avec de l'argile. Je dessinais beaucoup quand j'étais enfant et le modelage m'est donc venu très naturellement. Depuis ma première rencontre avec l'argile, je n'ai pratiquement travaillé qu'avec la sculpture. Après avoir terminé mon BFA (licence), j'ai voulu faire une année de césure, déménager à Paris et apprendre le français. J'ai fini par rester plus longtemps que prévu, j'en suis maintenant à ma cinquième année. J'ai fait des résidences temporaires à la Villa Belleville et au DOC avant d'entrer aux Beaux-Arts de Paris pour terminer mes études dans les ateliers de Tatiana Trouvé et Hélène Delprat.
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur votre profession ?
Grande question... Parfois, quand je travaille, quand je vois des expositions ou quand je discute avec des amis, j'ai le sentiment que tous les artistes du monde travaillent sur le même grand, important et très difficile projet, entrelacé avec des intellectuels, des penseurs, des écrivains et des chercheurs, et cela me rend très heureux d'en faire partie. D'autres fois, quand je visite des foires d'art ou des événements de ce genre, j'ai l'impression que l'art contemporain n'est qu'une sorte de divertissement exquis et de capital culturel pour l'élite. Mais d'un point de vue plus personnel, je pense qu'avoir une pratique artistique peut être une forme unique de « pensée », en partie intellectuelle, en partie manuelle. Je crois fermement à l'intuition artistique et j'ai souvent été amené à mon insu à des sujets intéressants par mon propre travail, comme si l'œuvre elle-même était plus intelligente que moi. Mais il faut avoir confiance en son intuition pour suivre une idée sans savoir exactement pourquoi, surtout quand les commissaires, les fondations et les institutions demandent des justifications, des explications et des références avant même d'avoir commencé le travail.
Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
S'il existe encore des ateliers d'artistes, j'espère en avoir un, ainsi que du temps et de l'argent pour pouvoir travailler.
Interview réalisée en 2025
Photographies réalisées en 2025 par Yama Ndiaye
